De prime abord, on peut qualifier de plurielle et multiple la picturalité d’Ygartua dont le pinceau va au gré de ses inspirations pour œuvrer entre matière & substance. Effectivement, la pensée plastique de cet artiste ne passe pas d’un socle figuratif à une période abstraite. L’œuvre croise toutes ses écritures qui découlent les unes des autres. Mais, matériau fertile de ses créations, l’intelligence du peintre réside dans cette ambigüité, sans cesse renouvelée dans un même travail de sédimentation qui célèbre également la multiplication des formats et la déclinaison des médiums. Dans cette relation des œuvres, un seul langage : la fusion des émotions qui nous convoquent vers d’autres horizons plus que dans l’ordre (établi) des choses. Cette liberté lui permet de s’affranchir de l’épuisement du systématisme. Cette autonomie arrache l’artiste à une thématique répétitive. En effet, les sujets ne sont pas le fruit d’une cueillette aléatoire mais les éclosions d’un regard en perpétuelle itinérance appuyé par une maestria technique au service de l’esprit des formes. Ygartua qui refuse de se laisser enfermer dans des algèbres mortes, peut faire sienne cette assertion hugolienne « La forme c’est ce fond qui remonte à la surface ».
Nourri de cultures hétérogènes, Ygartua –immergé de l’humain rallie l’homme à l’univers. Traces & tracés d’une corde sensible, l’abstraction que le peintre fait naître n’est ni lyrique, ni décorative mais d’une éloquente identité, d’une véritable & singulière personnalité; cette peinture d’instinct est un acte pigmentaire arraché des apparences, la sienne couplée à celle des autres- transfigurées sur le support avec une grande gestuelle d’âme. Dans cet incessant va et vient de dialogues forts d’affirmations, Ygartua incorpore dans la matière des sentiments personnels pour restituer sur le motif les tonalités perçues, les sensations éprouvées.
Dans le télescopage de ces accélérations créatrices, l’artiste a une prédilection pour l’art de la fresque. Dans cette expression de ce qui est plus grand que lui, il donne un pouvoir physique au dépouillement des murs ainsi qu’aux matières qui les défient. Ainsi, nuances et couleurs dévorent l’espace comme une végétation. Alors – sous sa palette bruissante- la destruction du mur devient création et cette alchimie de la connivence renouvelle ainsi l’environnement, ses atmosphères citadines. Domaine non conventionnel, le mur – dans son changement d’apparence- se met en mouvement et respire une autre vie. En effet, l’artiste traite l’espace comme un matériau, à travers sa pratique fresquiste située à la frontière de la performance picturale et de la construction de lieu*.
Dans sa peinture qui n’a aucun mal à exister mais qui fait du bien à l’existence, Ygartua est un artiste qui ne se ressemble jamais.
Christian-Benoît LANNES
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London Art Biennale 2015 – The International Art Biennale curated by Gagliardi Art & Partners and the
Chianciano Art Museum award Paul Ygartua with the prestigious “Painting Award” London Art Biennale 2015